Critique du Washington Post

Hi et Ed (diminutif d’Edwina) McDunnough ont peut-être pas une Volvo mais une chose est sûre, ils veulent un loupiot. Le combo gagnant d’Arizona Junior est de réunir deux tendances majeures des années 80, à savoir la parentalité et le kidnapping, le film retraçant la cavalcade délicieusement burlesque d’un couple en mal d’enfants. Les frères Coen (Joel étant le producteur et Ethan, le réalisateur) dressent ainsi un portrait haut en couleur d’un kidnapping de bébé en rendant un hommage pêle-mêle aux Monty Python, à l’humoriste américain Sam Kinison, au bébé Cadum et à Mad Max. Cette fable à l’humour impitoyable dépeint deux parents hors-la-loi de manière déjantée, euphorisante et audacieuse. Surtout, elle parvient à magnifier les rêves ordinaires de deux paumés vraiment tout sauf ordinaires. Et c’est tout simplement jouissif.
Les frères Coen, co-auteurs du film, sont pareils à deux grands gamins qui auraient reçu une caméra pour Noël : l’humour survolté qui les caractérise est sincère et leur facétie n’a d’égal que leur perfectionnisme. L’art du décalage atteint des sommets avec ce duo déjanté ; de manière totalement farfelue, les deux frères font écho à l’estampillage massif des visages d’enfants disparus sur les briques de lait en traitant tout sur le mode parodique, des crétins attachants au désespoir en passant par les couches jetables. Ils avaient concocté une folle histoire de meurtre dans Sang pour Sang ; à présent, ils concoctent une folle histoire de bébé volé dans la meilleure comédie de kidnapping depuis Y a-t-il quelqu’un pour tuer ma femme ? sorti l’été dernier. Les deux frangins méritent bien une couronne de lauriers. Quant aux deux producteurs indépendants, Ted et Jim Pedas, on peut dire qu’ils ont eu du flair !